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Thérapie neurale: un redémarrage du système

Longtemps controversée, son efficacité est désormais scientifiquement prouvée: grâce à l’injection ciblée d’anesthésiques locaux, la thérapie neurale interrompt les boucles de rétroaction pathologiques du système nerveux. Un aperçu.

La thérapie neurale consiste à injecter des anesthésiques locaux à des fins diagnostiques et thérapeutiques. Photo: Adobe Stock / womue
La thérapie neurale consiste à injecter des anesthésiques locaux à des fins diagnostiques et thérapeutiques. Photo: Adobe Stock / womue

La thérapie neurale est une méthode qui exploite les propriétés régulatrices et plastiques du système nerveux. Des anesthésiques locaux (principalement la procaïne) sont injectés à divers endroits en fonction des besoins individuels. Cette thérapie peut aussi être utilisée à des fins diagnostiques pour identifier des structures douloureuses ou enflammées.

Interruption des boucles pathologiques

Le système nerveux autonome coordonne l’ensemble des organes et systèmes (appareil musculosquelettique, organes internes, système immunitaire, cascades inflammatoires, gestion de la douleur, système hormonal, circulation sanguine, etc.), en les intégrant dans un tout cohérent (illustration). La thérapie neurale agit en interrompant les boucles de rétroaction pathologiques dans le système nerveux autonome, ce qui permet au système neuro-immunitaire de se réinitialiser. Cette réinitialisation peut améliorer des douleurs chroniques et des inflammations, car les processus de désensibilisation influencent la mémoire de la douleur et de l’inflammation. De nouveaux résultats de recherche placent la thérapie neurale au cœur de la neurophysiologie moderne.

Indications variées

La thérapie neurale peut être utile en cas de troubles fonctionnels, de douleurs et d’inflammations. Elle est notamment indiquée pour les troubles musculosquelettiques, les maux de tête, les maladies des organes internes, les maladies auto-immunes, les troubles circulatoires, etc. Bien qu’elle ne puisse pas toujours être utilisée seule, de vastes études à long terme ont démontré qu’elle permet de réduire la consommation de médicaments, notamment d’antalgiques et d’antibiotiques.

Sites d’injection: superficiels et profonds

Les injections peuvent être administrées à différents endroits: la peau, les points myofasciaux et autres points trigger, les articulations, les tendons, les ligaments, les cicatrices, les nerfs périphériques, les ganglions végétatifs. Elles peuvent être combinées selon les besoins individuels (illustration).

Pratique: traitement local et/ou à distance

L’anamnèse détaillée (événements passés, symptômes actuels) permet d’identifier les charges potentielles au sein des différents systèmes. Un examen clinique approfondi est ensuite réalisé, éventuellement complété par des analyses instrumentales. Sur cette base, un protocole de traitement est établi.
Dans certains cas, la thérapie ne cible pas uniquement la zone douloureuse, mais aussi des zones distantes. Historiquement, les frères Ferdinand et Walter Huneke, fondateurs de la thérapie neurale, ont introduit le concept de «champ perturbateur». Ce terme est aujourd’hui principalement d’intérêt historique et didactique, car il reposait davantage sur l’anatomie que sur la fonction. En accord avec la neurophysiologie moderne, on parle désormais de «déclencheurs neuromodulateurs», qui peuvent agir localement ou à distance.

Un exemple: une patiente souffre de douleurs chroniques à l’épaule droite, résistantes aux différentes thérapies locales. L’anamnèse révèle que ces douleurs sont apparues après une hépatite. L’injection d’un anesthésique local dans les boucles nerveuses (voir illustration) reliant le foie à l’épaule permet alors de «désensibiliser» les signaux nerveux persistants. Cette intervention influence la mémoire de la douleur et de l’inflammation, entraînant une disparition durable des symptômes.

Effets secondaires, complications et contre-indications

La procaïne ne présente ni effets secondaires, ni interactions, car elle est dégradée par la pseudocholinestérase et non par le foie. Une légère sensation d’étourdissement peut survenir brièvement après l’injection. Des ecchymoses sont possibles, et une technique d’injection incorrecte peut entraîner des complications plus graves. La thérapie neurale est contre-indiquée en cas de troubles de la coagulation ou traitement anticoagulant, d’allergies à l’anesthésique local ou de phobie des injections.

La thérapie neurale dans le système de santé suisse

La thérapie neurale est un acte médical. Depuis 2011, elle ne relève plus de la médecine complémentaire en Suisse, mais est reconnue comme une thérapie conventionnelle inscrite dans la loi. Elle est prise en charge par l’assurance de base et se rapproche de l’anesthésie locale diagnostique et thérapeutique ainsi que du traitement interventionnel de la douleur.

Résultats des études

Les études menées en Suisse sur l’efficacité de la thérapie neurale sont disponibles sur le site de la Société médicale suisse de thérapie neurale. Des thèses de doctorat de l’Université de Berne ont également mis en évidence son rapport coût-efficacité favorable. La thérapie neurale satisfait aux critères d’efficacité, d’adéquation et d’économicité (EAE).

Informations et formation

Bibliographie

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