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Hôpital d’Uster: le service de chirurgie réduit la durée de travail à 42+4 heures par semaine

La semaine de 42+4 heures gagne du terrain. Nous nous sommes adressés à l’Hôpital d’Uster pour comprendre comment ce modèle peut aussi être appliqué à la chirurgie.

Dans la clinique des disciplines chirurgicales de l’Hôpital d’Uster, les médecins-assistant(e)s appliquent la semaine de 42+4 heures depuis le mois d’août. Cela contribue à empêcher toute violation de la loi sur le travail et à renforcer la formation postgraduée. Photo: Georgii
Dans la clinique des disciplines chirurgicales de l’Hôpital d’Uster, les médecins-assistant(e)s appliquent la semaine de 42+4 heures depuis le mois d’août. Cela contribue à empêcher toute violation de la loi sur le travail et à renforcer la formation postgraduée. Photo: Georgii

Des semaines avec des horaires de travail dépassant (largement) les 50 heures, pas ou peu de formation postgraduée structurée – telle est la réalité à laquelle sont confrontés actuellement de nombreux médecins-assistant(e)s. Une réalité qui met les forces à rude épreuve et soulève des questions quant à la durabilité du système de santé. Mais c’est aussi une réalité à laquelle il existe des alternatives.

La semaine de 42+4 heures, avec 42 heures de prestation aux patients et au moins quatre heures de formation postgraduée structurée par semaine, a le vent en poupe. De plus en plus d’hôpitaux reconnaissent que cette approche permet d’améliorer le respect des dispositions de la loi sur le travail et de garantir aux médecins-assistant(e)s de pouvoir suivre la formation postgraduée à laquelle ils ont droit. Ce faisant, ils augmentent aussi leur attractivité en tant qu’employeurs et parviennent beaucoup plus facilement à pourvoir les postes vacants.

Mise en œuvre par de nombreuses cliniques

Entre-temps, de nombreuses cliniques ont pris le train en marche, dernièrement les hôpitaux de la ville de Zurich. Les médecins-assistant(e)s de trois cliniques y travaillent selon le modèle 42+4 heures depuis le 1er octobre. Comme l’a indiqué la ville de Zurich, il s’agit d’un projet-pilote destiné à «tester de manière approfondie la semaine de 42+4 heures et à évaluer les effets sur la satisfaction au travail ainsi que sur les processus opérationnels». D’autres hôpitaux, comme l’Hôpital cantonal de Winterthur, la Clinique psychiatrique universitaire de Zurich ou les hôpitaux cantonaux tessinois (EOC), sont en train de planifier la mise en œuvre du nouveau modèle de temps de travail. Certains hôpitaux et cliniques – par exemple le Centre suisse des paraplégiques de Nottwil ou le CHUV – ont tout de même déjà abaissé le temps de travail réglementaire à 46 heures par semaine.

Discussions en chirurgie

Un exemple particulièrement intéressant est celui du service de chirurgie à l’Hôpital d’Uster. Ces derniers mois, des chirurgiens ont régulièrement fait part de leur inquiétude quant à l’impossibilité de mettre en œuvre le concept 42+4 en chirurgie. D’autres voix se sont toutefois élevées, notamment du Forum Junge Chirurgie, qui a publié une prise de position dans ce sens. La formation postgraduée en chirurgie fait face à différents problèmes qui ne peuvent pas être résolus en travaillant davantage. L’un d’eux est que le nombre d’opérations disponibles à des fins de formation postgraduée ne suffit pas pour couvrir les besoins en la matière des médecins-assistant(e)s.

Une idée du médecin-chef

L’Hôpital d’Uster, avec Vital Schreiber comme médecin-chef du service de chirurgie, montre désormais dans la pratique que la réduction de la durée réglementaire de travail avec le modèle 42+4 est également possible en chirurgie. Au 1er août 2024, le temps de travail au sein de la clinique des disciplines chirurgicales (chirurgie viscérale, urologie, traumatologie, orthopédie et chirurgie de la main) a été abaissé pour les médecins-assistant(e)s à 42 heures de prestation aux patients et à au moins quatre heures de formation postgraduée structurée par semaine. Avant cela, le temps de travail était de 50 heures par semaine, sans distinction entre temps de formation postgraduée et durée de service.

«En introduisant la semaine de 42+4 heures, nous montrons l’exemple à d’autres cliniques chirurgicales.»

Vital Schreiber, médecin-chef du service de chirurgie de l’Hôpital d’Uster

Le projet a vu le jour à l’initiative du médecin-chef Vital Schreiber, qui explique: «Je suis convaincu qu’il est possible d’appliquer des horaires de travail modernes en chirurgie. Nous avons toujours attaché une grande importance à la qualité de la formation postgraduée. Nous voulons attirer les jeunes talents de la chirurgie. En introduisant la semaine de 42+4 heures, nous montrons l’exemple à d’autres cliniques chirurgicales.» Isabelle Bünter, cheffe de clinique, s’est adressée à l’ASMAC Zurich avec qui elle était en contact, et les premières réunions ont eu lieu peu de temps après pour planifier la procédure concrète.

Suivi étroit par l’asmac

Anna Wang, alors présidente de l’ASMAC Zurich et elle-même chirurgienne, s’est chargée du projet. Elle explique le rôle de l’asmac: «Nous avons accompagné la gestion des changements. Il s’agissait dans un premier temps d’analyser la situation actuelle, puis de réfléchir avec les responsables des cliniques à la direction à prendre. Sur la base de ce cheminement, des propositions de solutions concrètes ont été élaborées, puis mises en œuvre.» Près d’une année s’est écoulée entre le premier contact et la mise en place du nouveau modèle de temps de travail, la phase la plus intensive se situant au début de l’année 2024.

«C’est une question de volonté»

Philipp Rahm, conseiller en matière de planification des services de l’association faîtière asmac, a également été étroitement impliqué dans le processus. Il souligne: «C’est avant tout une question de volonté. A Uster, le fait que le médecin-chef souhaitait introduire la semaine 42+4 s’est avéré très utile. Il exerce une certaine influence au sein de la direction de l’hôpital et a donc permis au projet de s’imposer. En outre, l’ASMAC Zurich disposait d’un plan de projet concret permettant une procédure structurée, ce qui a également été décisif.»

Adapter les structures et les procédures

Après avoir analysé la situation actuelle, il s’agissait de revoir la structure journalière de manière à gagner du temps et à permettre une planification des services de 46 heures par semaine, formation postgraduée comprise. Isabelle Bünter explique à ce sujet: «Nous avons, d’une part, apporté des changements aux structures de la clinique afin de rendre les processus aussi efficaces que possible. Certains éléments de la journée ont été supprimés, comme le rapport de l’après-midi, mais d’autres ont été développés. D’autre part, les horaires de la formation postgraduée ont été réorganisés. Dans l’ensemble, nous sommes ainsi parvenus à alléger la journée de manière à rendre possible la semaine de 42+4 heures.»

Saisie séparée du temps de travail impossible

Pour des raisons techniques, la saisie séparée du temps de travail n’est pas encore possible. Dans les faits, il s’agit donc actuellement à Uster d’une semaine de 46 heures. La formation postgraduée structurée est certes prévue lors de la planification des services, mais elle ne peut pas être saisie séparément dans le système de saisie du temps de travail. Il est donc difficile de contrôler si les quatre heures de formation postgraduée structurée peuvent réellement être suivies. Mais il est de toute façon encore trop tôt pour tirer un premier bilan. «Il est clair que de tels projets ne fonctionnent pas sans entraves dès le début. Nous effectuerons une première analyse après trois mois afin de déterminer où se situent encore les problèmes et où des améliorations doivent être apportées», explique Isabelle Bünter.

La volonté doit être là

Pour Philipp Rahm, la mise en œuvre d’une semaine de 42+4 heures ou toute réduction de la durée réglementaire de travail est en tout premier lieu une question de volonté; en matière de droit du travail, cela serait de toute façon judicieux. «Il est tout à fait possible pour une clinique de créer de bonnes conditions de travail et de respecter la loi sur le travail. Cela implique toutefois une volonté d’adapter les structures journalières et les processus, d’optimiser les calendriers et les horaires de service. Si l’on s’y prend sérieusement, il est possible de gagner du temps immédiatement. Plus on procède de manière conséquente, plus on peut gagner du temps.» Souvent, cela s’accompagne aussi d’un changement de mentalité, notamment en chirurgie. «Autrefois, le meilleur chirurgien était celui qui restait plus longtemps. Aujourd’hui, ce n’est plus forcément le cas, mais cela implique que la direction de l’équipe et toute l’équipe veuillent ce changement.»

42+4: l’asmac propose des arguments, des réponses et des instructions

Vous souhaitez réduire la durée de travail réglementaire à 42+4 dans votre clinique? L’asmac vous aide volontiers dans la mise en œuvre concrète. Sur www.42plus4.ch, vous trouverez, outre des arguments en faveur de la semaine de 42+4 heures, de nombreuses réponses aux questions fréquemment posées ainsi que des instructions sur la manière dont les cliniques ou les médecins peuvent procéder s’ils aspirent à réduire la durée de travail réglementaire.